On travaille sur $ \mathbb Z ^2 $, l’ensemble des couples d'entiers relatifs.
$$ \mathbb Z ^2 = \left\{ (a,b), a \in \mathbb Z, b \in \mathbb Z \right\} $$
Exemples :
On peut définir deux opérations sur cet ensemble. On pose, pour tous entiers relatifs $a$, $b$, $a'$ et $b'$,
$$\begin{aligned} (a;b) \heartsuit (a';b') &= (aa';bb') \\\\ &= (a×a';b×b') \\\\ (a;b) \diamondsuit (a';b') &= (ab' + a'b;bb') \\\\ &= (a×b' + a'×b;b×b') \\\\ \end{aligned}$$
Sur un exemple :
$$\begin{aligned} (-2;3) \heartsuit (5;-4) &= (-2×5;3×(-4)) = (-10;-12) \\\\ (-2;3) \diamondsuit (5;-4) &= ((-2)×(-4) + 5×3;(3×(-4) = (23;-12) \\\\ \end{aligned}$$
On remarque que pour tout $a \in \mathbb Z$, $a \in \mathbb Z$ et tout $a' \in \mathbb Z$,
$$\begin{aligned} (a,b) \heartsuit (0,1) &= (?,?) \\\\ (a,b) \heartsuit (1,1) &= (?,?) \\\\ (a,b) \diamondsuit (0,1) &= (?,?) \\\\ (a,b) \diamondsuit (1,1) &= (?,?) \\\\ (a,b) \diamondsuit (a',1) &= (?,?) \\\\ \end{aligned}$$
C'est ainsi que l'on peut en toute rigueur construire l'ensemble des nombres rationnels, qui est une extension des entiers relatifs. Il faut toutefois ajouter :
Les Égyptiens et les Grecs connaissaient, chacuns à leur façon, les fractions. Pour ces derniers, tout n’était que géométrie et rapports (donc fractions). Ils ont du faire face à une révolution conceptuelle lorsqu'ils ont trouvé un nombre paradoxal : la longueur de la diagonale d'un carré de côté 1. En effet, ce nombre :
Il a fallu attendre 2200 ans pour définir rigoureusement les nombres réels, qui « contiennent » les nombres rationnels et pour lesquels on peut définir des opérations compatibles avec celles des rationnels.
Les nouveaux nombres sont par exemple $\sqrt 2$, $\pi$, $e$, mais on peut même montrer que les nombres irrationnels sont beaucoup plus « nombreux » que les nombres rationnels.
De même que nous venons de construire les rationnels à partir des entiers relatifs, et que l’on peut construire les réels à partir des rationnels (mais cependant avec un procédé différent), il est possible de construire un ensemble de nombres :
C'est le principe des nombres complexes en tant que clôture algébrique des réels.
$$ \mathbb N \subset \mathbb Z \subset \mathbb D \subset \mathbb Q \subset \mathbb R \subset \mathbb C \subset \mathbb H \subset \mathbb O $$
On note $\mathbb C$ l'ensemble des couples $(a;b)$ où $a$ et $b$ sont des nombres réels. Ces couples sont les nombres complexes, même si nous verrons une écriture plus pratique plus loin.
Pour l'instant, nous dirons que $a$ et $b$ sont les composantes, ou les coordonnées de $(a;b)$.
À vous de jouer ! Ne revéler les exemples ci-dessous que si vous n'avez vraiment plus aucune idée.
On dira que deux nombres complexes sont égaux si et seulement si leurs deux composantes sont égales. Ainsi : $$(a;b)=(a';b') \Leftrightarrow a=a'~\text{et}~b=b'$$
$\mathbb C$ peut être muni de deux opérations $+_C$ et $×_C$, que l'on définit pour tous complexes $(a,b)$ et $(a',b')$ par :
$$\begin{aligned} (a;b) +_C (a';b') &= (a+a'; b+b') \\\\ (a;b) ×_C (a';b') &= (a×a' - b×b'; a×b' + a'×b) \\\\ &= (aa' - bb'; ab' + a'b) \\\\ \end{aligned}$$
$$\begin{aligned} (1;2) +_C (3;-5) &= … \\\\ (a;b) +_C (0;0) &= … &1) \\\\ (a;b) +_C (-a;-b) &= … &2) \\\\ (1;2) ×_C (3;-5) &= … \\\\ (a;b) ×_C (0;0) &= … &3) \\\\ (a;b) ×_C (1;0) &= … &4) \\\\ (a;b) ×_C (x;0) &= … &5) \\\\ (a;b) ×_C (\frac{1}{x};0) &= … &6) \\\\ (0;1) ×_C (b;0) &= … &7) \\\\ (a;b) ×_C (a;-b) &= … &8) \\\\ (0;1) ×_C (0;1) &= … &9) \\\\ \end{aligned}$$
On peut montrer que ces opérations sont commutatives et associatives, et que $×_C$ est distributive par rapport à $+_C$.
On a vu que (devinez qui !) était neutre pour $+_C$ et que $(-a;-b)$ était l’opposé de $(a,b)$. La soustraction se définit comme l’addition de l’opposé :
$$\begin{aligned} (a;b) -_C (a';b') &= (a;b) +_C (-a';-b') \\\\ &= (a - a';b - b') \\\\ \end{aligned}$$
Pour la division, c’est plus complexe car il va falloir trouver l’inverse d’un nombre complexe. L’élément neutre de $×_C$ étant (devinez !), on cherche $(a', b')$ .
Les opérations $+_C$ et $×_C$ étendent celles de $\mathbb R$. En effet, on les retrouvent dans leur forme originelle si on annule le deuxième élément des couples :
$$\begin{aligned} (a;0) +_C (a';0) &= (a+a';0) \\\\ (a;0) ×_C (a';0) &= (a×a';0) \\\\ \end{aligned}$$
Idem avec l’opposé, la soustraction, l’inverse et la division. Vérifiez-le !
Tout se passe comme si le premier élément des couples fonctionnait comme un réel. Ainsi, $\mathbb R$ est inclus dans $\mathbb C$.
Désormais :
Cette dernière notation est appelée la forme algébrique de $z$.
En notant $z = a + ib$, on suppose implicitement que $a$ et $b$ sont des nombres réels. On appelle :
Exemples :
Remarque importante :
Les nombres :
sont appelés des réels. L’ensemble des réels est bien sûr $\mathbb R$.
Les nombres :
sont appelés des imaginaires purs. L’ensemble des imaginaires purs est noté $i\mathbb R$.
On munit le plan d’un repère orthonormé direct.
$\mathbb C$ | le plan |
---|---|
$z=a+ib$ | $M(z)$ (où avant on écrivait $M(a;b)$) |
$a$ | abscisse de $M$ |
$b$ | ordonnée de $M$ |
affixe de $M$ | image de $z$ |
$\mathbb R$ | axe des abscisses |
$i \mathbb R$ | axe des ordonnées |
Ce tableau sera complété plus tard.
Attention, les ordonnées sont parfois notées $ib$ au lieu de simplement $b$.
Les opérations de $\mathbb C$ données au tout début se retrouvent assez naturellement en faisant participer le nouveau symbole $i$ aux calculs comme on le ferait avec un $x$. Écrire sous forme algébrique les nombres complexes suivants :
$$\begin{aligned} (a+ib) + (a'+ib') &= … \\\\ (a+ib) × (a'+ib') &= … \\\\ \end{aligned}$$
On peut reprendre les exemples du début de cette partie (calculer la somme et le produit de $1+2i$ avec $3-5i$), mais certains petits exemples sont plus intéressants que d'autres :
Rappel : On dit que deux complexes $z=a+ib$ et $z'=a'+ib'$ sont égaux quand $a=a'$ et $b=b'$ (voir plus haut). On note souvent ceci sous la forme d’un système :
$$\left \{ \begin{array}{l} a = a' \\\\ b = b' \end{array} \right.$$
Conclusion intéressante : en notant $z=a+ib$, $z=0$ si et seulement si $a=0$ et $b=0$.
Les nombres complexes se comportent comme les nombres réels concernant l'addition et la multiplication. Les équations du premier degré se résolvent donc de la même manière. Exemple :
Résoudre dans $\mathbb C$ l'équation $3z - i = z + 1$.
Nous verrons plus loin comment traiter les équations faisant apparaître un complexe et son conjugué ou les équations du second degré.
Si $z$ est un nombre complexe et $a + ib$ sa forme algébrique, on appelle conjugué de $z$ le nombre complexe $a - ib$. On le note $\overline z$.
$ \overline{ 2 + 3i } = …$
$ \overline{ 2i + 3 } = …$
$ \overline{ i } = …$
$ \overline{ 5i } = …$
$ \overline{ -7i } = …$
$ \overline{ 17 } = …$
$ \overline{ -12 } = …$
$ \overline{ i^2 } = …$
$ \overline{ 0 } = …$
Souvent la seule façon de résoudre une équation présentant $z$ et $\overline z$ est de passer z sous sa forme algébrique en posant $z=a+ib$.
Résoudre :
$ z + 2 \overline z = 3 - i $
$ (1+i) z - 3 \overline z = 7 + 2i $
$ \overline z = z $
$ \overline z = -z $
Pour tous complexes $z$ et $z'$, on a :
Il est intéressant de traduire chacune de ces égalités par une phrase en français.
Démonstrations laissées en exercice, avec indications :
Mettre sous forme algébrique les nombres suivants :
Résoudre dans $\mathbb R$ les équations suivantes (en justifiant !) :
Résoudre dans $\mathbb C$ les équations suivantes (en justifiant !) :
Soit $a$, $b$ et $c$ des réels avec $a \ne 0$, et $\left( E \right)$ l’équation $az^2 + bz + c = 0$.
En notant $\Delta = b^2 - 4ac$, on a les cas suivants :
Si $\Delta \ge 0$, alors nous distinguons deux sous-cas :
Si $\Delta > 0$, alors $S = \left\{ \frac{-b - \sqrt \Delta}{2a} ; \frac{-b + \sqrt \Delta}{2a}\right\}$.
En notant $z_1$ et $z_2$ ces deux solutions, on a :
$$az^2 + bz + c = a \left( z - z_1 \right)\left( z - z_2 \right)$$
Si $\Delta = 0$, alors $S = \left\{ \frac{-b}{2a} \right\}$.
En notant $z_0$ cette solution, on a :
$$az^2 + bz + c = a \left( z - z_0 \right)^2$$
Si $\Delta < 0$, alors $S = \left\{ \frac{-b - i\sqrt {-\Delta}}{2a} ; \frac{-b + i\sqrt {-\Delta}}{2a}\right\}$.
En notant $z_1$ et $z_2$ ces deux solutions, on a encore :
$$az^2 + bz + c = a \left( z - z_1 \right)\left( z - z_2 \right)$$
De plus, les racines sont conjuguées, c’est-à-dire que l’on a :
$$\overline{z_1} = z_2~\left( \text{et bien sûr}~\overline{z_2} = z_1 \right)$$
En cours de rédaction.
Résoudre dans $\mathbb C$ l’équation $z^2 + z + 1 = 0$.
Vérifier les solutions que donne le théorème.