Une proposition est une phrase qui possède, sans ambiguïté, une valeur de
vérité.
Certaines dépendent de la valeur d’un entier $n$. Une fois l’entier donné,
elles deviennent une proposition comme les autres.
C’est déjà le moment de faire quelques exercices.
On considère une proposition dépendante de $n$, notée $P_n$. On peut démontrer qu’elle est vraie pour tout $n$ tel que $n \ge n_0$ en procédant comme suit :
Notation
Cette étape n’est pas une étape classique, mais est recommandée par votre professeur. Elle consiste à expliciter $P_n$, afin d’avoir une bonne base au niveau des notations. Pour cela, il suffit souvent de rappeler l’énoncé, sans le « Pour tout $n$ ».
Initialisation
On vérifie que la première proposition $P_{n_0}$ est vraie, « à la main ». C’est souvent trivial.
Hérédité
On démontre que, pour un $m$ fixé, si la proposition est vrai au rang $m$ pour $m \ge n_0$ (c’est « l’hypothèse de récurrence »), alors celle au rang suivant $m+1$ est vraie aussi. En résumé, si $P_m$ est vraie alors $ P_{m+1}$ est vraie.
Conclusion
La proposition est vraie pour tout entier naturel $n$ supérieur ou égal à $n_0$.
Avec un autre schéma avec la flèche recopiée à partir de $n_0$.
Soit $S = (u_n)_{n \in \mathbb N}$ une suite arithmétique de raison $r$. On a pour $n \in \mathbb N$, $u_{n+1} = u_n + r$.
Montrons par récurrence que pour tout $n \in \mathbb N$, $u_n = u_0 + nr$. Cela revient à trouver la forme explicite à partir de la définition par récurrence.
La première chose à faire est fondamentale et délicate : définir $P_n$. Cela permet de bien se faire comprendre du lecteur, mais aussi de clarifier la situation pour soi-même !
Soit $P_n$ la proposition « $u_n = u_0 + nr$ ».
Initialisation
Vérifions que $P_0$ est vrai. Comme dit plus haut, c’est souvent tellement trivial qu’on hésite. Ici, en démontrant l’égalité de la droite vers la gauche : $$u_0 + 0 × r = u_0$$
Remarque : On peut aussi préférer écrire :
D’une part, pour $n=0$, $u_n = u_0$.
D’autre part, pour $n=0$, $u_0 + nr = u_0 + 0×r = u_0$.
$P_0$ est donc vraie.
Hérédité
Supposons que $P_m$ soit vraie pour un entier $m \ge 0$. Montrons que $P_{m+1}$ est vraie.
Il peut être précieux d’écrire $P_{m+1}$ pour avoir le but à atteindre sous les yeux. Pour être sûre de bien l’écrire, mettre tous les $m$ entre parenthèses puis y ajouter $+1$.
\begin{aligned}
u_{m+1} &= u_m + r &(1) \\
&= u_0 + mr + r &(2) \\
&= u_0 + (m+1) r &(3)
\end{aligned}
Donc $P_{m+1}$ est vraie.
Conclusion
Par récurrence, $P_n$ est vraie pour tout $n \in \mathbb N$.
On pourra retenir qu'il y a en quelque sorte quatre étapes.
Il faut penser à utiliser le raisonnement par récurrence lorsque :
C’est peut-être le moment de faire les premiers exercices.
Soit $q$ un nombre réel. Dans cette partie, on note $(u)$ la suite géométrique de raison $q$ et de premier terme 1 :
$$ \left \{ \begin{aligned} u_0 &= 1 \\\\ u_{n+1} &= qu_n ~\text{pour}~ n \in \mathbb N \end{aligned} \right. $$
On sait démontrer par récurrence que : Pour tout entier naturel $n$, $u_n = q^n$.
En notant $D_n = u_{n+1} - u_n = q^{n+1} - q^n = q^n × (q-1)$
q | q<0 | q=0 | 0<q<1 (q-1<0) | q=1 | q>1 (q-1>0)
---------------------------------------------------------
sg q | neg | 0 | positif | 1 | positif
sg q^n | change | 0 | positif | 1 | positif
sg q-1 | neg | -1 | négatif | 0 | positif
---------------------------------------------------------
sg D | change | 0 | négatif | 0 | positif
a) Si $q > 1$, $\lim\limits_{n \to + \infty} q^n = +\infty$.
b) Si $-1 < q < 1$, $\lim\limits_{n \to + \infty} q^n = 0$.
c) Si $q = 1$, $\lim\limits_{n \to + \infty} q^n = 1$.
d) Si $q \le -1$, la suite $\left(q^n\right)_{n \in \mathbb N}$ n'a pas de
limite.
a) Pour le cas $q >1$ :
On pose $a = q-1$. Comme $q > 1$, $a = q - 1 > 0$.
Nous avons besoin de l'inégalité de Bernouilli, que nous allons démontrer
par récurrence. On note pour $n \in \mathbb N$ :
$$P_n : \left( 1 + a \right)^n \ge 1 + na$$
Initialisation :
$\left( 1 + a \right)^0 = 1 \ge 1 = 1 + 0×a$ donc $P_0$ est vraie.
Hérédité :
Supposons que $P_m$ soit vraie pour un certain entier naturel $m$.
$$ \begin{aligned} (1 + a)^{m+1} &= (1 + a)^m (1 + a) &(1) \\\\ &\ge (1 + ma) (1 + a) &(2) \\\\ &\ge 1 + a + ma + ma^2 &(3) \\\\ &\ge 1 + (m+1)a + ma^2 &(4) \\\\ &\ge 1 + (m+1)a &(5) \end{aligned} $$
Pour clarifier cette suite d’inégalités, il peut être intéressant de l’écrire sur une seule ligne, en différenciant bien les inégalités des égalités.
Ainsi, $P_{m+1}$ est vraie.
Conclusion :
$P_n$ est vraie pour tout $n \in \mathbb N$.
Or, comme $a>0$, $\lim\limits_{n \to + \infty} (1+na) = +\infty$. Il suffit de conclure en invoquant le théorème dit « des sumos ».
b) Pour le cas $-1 < q < 1$ :
i) Premier sous-cas : $q=0$.
La suite est stationnaire à partir du rang 1 : pour tout entier $n \ge 1$, $u_n = 0$. On a donc bien $\lim\limits_{n \to + \infty} q^n = 0$.
ii) Deuxième sous-cas : $q \ne 0$.
On pose $p = \frac{1}{\left| q \right|}$.
On a $-\frac{1}{p^n} = -\left| q^n \right| \le q^n \le \left| q \right|^n = \frac{1}{p^n}$.
Il suffit donc de montrer que $\lim\limits_{n \to + \infty} p^n = +\infty$ et on conclut en composant avec la fonction inverse et le théorème des gendarmes.
Pour la limite, puisque $0 < \left| q \right| < 1$ et puisque la fonction inverse est décroissante sur $\mathbb R_+^*$ :
$$p = \frac{1}{\left| q \right|} > 1$$
Donc d'après le cas précédent, $\lim\limits_{n \to + \infty} p^n = +\infty$.
Pour la conclusion, comme $\lim\limits_{x \to + \infty} \frac{1}{x} = 0$, on a par composition : $$\lim\limits_{n \to + \infty} \left|q^n\right| = \lim\limits_{n \to + \infty} \frac{1}{p^n} = 0$$ ce qui implique, par le théorème des gendarmes : $$\lim\limits_{n \to + \infty} q^n = 0$$
c) Pour le cas $q=1$ :
La suite étant constante (chaque terme vaut 1), on a bien $\lim\limits_{n \to + \infty} q^n = 1$.
d) Pour le cas $q \le -1$ :
On pose $p=-q$. On a pour tout indice $n$ :
$$ \begin{aligned} q^n &= \left( -p \right)^n &(1) \\\\ &= \left( \left(-1\right) × \left(p\right) \right)^n &(2) \\\\ &= \left( -1 \right)^n × \left( p \right)^n &(3) \end{aligned} $$
Les termes d'indice pair valent $p^n$ et sont donc supérieurs ou égaux à 1. Les termes d'indice impair valent $-p^n$ et sont donc inférieurs ou égaux à -1.
Il ne peut y avoir de limite.
On rappelle que $u$ est la suite géométrique de référence, de premier terme $1$ et de raison $q$. On a donc pour tout entier naturel $n$ : $u_n = q^n$.
On note pour tout entier naturel $n$ :
$$S_n = 1 + q + q^2 + ... + q^n$$
On aura reconnu $u_0$, $u_1$, $u_2$…
Calculer $(1-q)(1+q+q^2+...+q^n)$.
Comment obtenir $S_n$ à partir du résultat ?
Démontrer le résultat précédent par récurrence (ne faire que le cas $q \ne 1$).
Voici une méthode étonnante qui mêle limites et sommes des termes d’une suite géométrique pour résoudre la simple équation $x=ax+b$ : voir l’article.
$u_{n+1} - u_n = u_0×q^{n+1} - u_0×q = u_0 × q^n × (q-1)$
Tableau récapitulatif
signes | q<0 | q=0 | 0<q<1 (q-1<0) | q=1 | q>1 (q-1>0)
u0<0 | change | 0 | négatif | 0 | positif
u0=0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0
u0>0 | change | 0 | positif | 0 | négatif
Ce cas est trivial car la suite est constante : pour tout entier naturel $n$, $u_n = 0$.
Mêmes limites et variations que la suite géométrique de référence.
Mêmes limites que la suite géométrique de référence, à part dans le cas où $q>1$ où la suite tend vers $- \infty$.
Ici on note pour tout entier naturel $m$ et tout entier naturel $n$ :
$$S_{m,n} = u_m + u_{m+1} + u_{m+2} + ... + u_{n-1} + u_n$$
On suppose $m$, $n$, $q$ et $u_m$ connus.
Si $q=1$, calculer $S_{m,n}$.
Si $q \ne 1$, calculer $S_{m,n}$ en mettant en facteur $u_m$ et en utilisant la somme des termes de la suite géométrique de référence.
Remarquer que $u_m$ est le premier terme de la somme et $n-m+1$ est le nombre de termes de la somme.
En notant $D_n = u_{n+1} - u_n = q^{n+1} - q^n = q^n × (q-1)$
q | q<0 | q=0 | 0<q<1 (q-1<0) | q=1 | q>1 (q-1>0)
---------------------------------------------------------
sg D | change | 0 | négatif | 0 | positif
a) Si $q > 1$, $\lim\limits_{n \to + \infty} q^n = +\infty$.
b) Si $-1 < q < 1$, $\lim\limits_{n \to + \infty} q^n = 0$.
c) Si $q = 1$, $\lim\limits_{n \to + \infty} q^n = 1$.
d) Si $q \le -1$, la suite $\left(q^n\right)_{n \in \mathbb N}$ n'a pas de
limite.
Si $q=1$, $S_n = n+1$.
Si $q \ne 1$, $S_n = \frac{1-q^{n+1}}{1-q} = \frac{q^{n+1}-1}{q-1}$.
En notant $D_n = u_{n+1} - u_n = u_0×q^{n+1} - u_0×q^n = u_0 × q^n × (q-1)$
sg D | q<0 | q=0 | 0<q<1 (q-1<0) | q=1 | q>1 (q-1>0)
---------------------------------------------------------
u0 < 0 | change | 0 | positif | 0 | négatif
u0 = 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0
u0 > 0 | change | 0 | négatif | 0 | positif
Il suffit de multiplier par $u_0$.
Si $q=1$, $S_{m,n} = u_m × (n - m + 1)$.
Si $q \ne 1$, $S_{m,n} = u_m \frac{1-q^{n-m+1}}{1-q} = u_m \frac{q^{n-m+1}-1}{q-1}$.
Où $u_m$ est le premier terme de la somme et $n-m+1$ est le nombre de termes de la somme.