1. Introductions

1.1. Motivation

Quelques musiciens que je fréquente ne comprennent pas l’intérêt d’écrire sur une partition un la♯ plutôt qu’un si♭.

Je vais essayer ici non seulement d’expliquer la raison de leur préférence, la raison de la mienne, mais aussi l’intérêt qu’il y a à basculer vers la lumière.

1.2. Mon contexte

Section à zapper si vous n’avez pas beaucoup de temps. À remplacer par deux minutes de travail de gammes sur votre instrument.

Je n’ai pas une formation classique, je suis un matheux. Je peux donc susciter le même genre d’aversion qu’un « musicien autodidacte et fier de l’être » a pour les classiqueux. Points bonus pour être aussi prof.

Je déplore cette malédiction : il y a une sorte d’étanchéité entre le scolaire et la vraie vie. Je ressens face à mes élèves, à mes enfants, et face à celles et ceux qui ont la flemme de bosser la gamme de si majeur.

Dernière chose : le travail « supplémentaire » que je propose, est uniquement mental. Vous n’allez pas fatiguer vos petits muscles, et vous n’allez pas vous faire mal en tombant.

1.3. Une question d’équilibre

Je ressors une image qui n’est pas de moi. Utiliser des couverts pour manger :

• c’est lourd quand on a deux ans,
• on est plus efficace sans,
• même si on s’en met partout,
• mais une fois qu’on maîtrise,
• on est bien content de ne plus se cochonner les doigts (sauf exceptions),
• et on peut couper davantage de choses.

Tout dépend des objectifs de chacun, mais avec un peu d’efforts, bien coaché, on finit par gagner du temps et mieux comprendre donc mieux mémoriser les morceaux.

2. Notes enharmoniques

Si on n’est pas à une ou plusieurs octaves près, on utilisera 12 notes. Les notes enharmoniques ont des noms différents mais ont le même son, et sont jouées de la même façon sur l’instrument. Sauf quelques gros malades entendent la différence entre deux notes enharmoniques et sont capables de les jouer différemment.

Voilà pour les touches noires, mais cela s’applique aussi aux touches blanches :

On parlera plus loin des doubles dièses et des doubles bémols.

3. Armures des gammes majeures

3.1. Gammes majeures

On n’expliquera pas ici la construction des gammes majeures. Il faut juste savoir qu’à chaque changement de note, on avance d’un nom de note dans le cycle :
… do ré mi fa sol la si do ré mi fa sol la si …

Pourquoi cette contrainte « on avance d’un nom de note » ? Tout simplement pour garder la structure d’une mélodie ou d’un accord, non seulement sur la partition mais aussi dans nos têtes. Nous verrons quelques exemples et contre-exemples plus loin.

En organisant ces gammes par ordre croissant du nombre d’altérations, on garde celles-ci :

X: bla T: Les treize gammes majeures L: 1/4 K: C ||"do"CDEFGABc||"sol"GABcde\^fg||"fa"FGA_Bcdef|| ||"ré"DE\^FGAB\^cd||"si♭"_B,CD_EFGA_B|| ||"la"AB\^cde\^f\^ga||"mi♭"_EFG_A_Bcd_e|| ||"mi"E\^F\^GAB\^c\^de||"la♭"_A_Bc_d_efg_a|| ||"si"B,\^C\^DE\^F\^G\^AB||"ré♭"_D_EF_G_A_Bc_d|| ||"fa♯"\^F\^G\^AB\^c\^d\^e\^f||"sol♭"_G_A_B_c_d_ef_g||

Et en clef de fa (si j’avais oublié ça n’aurait pas été grave).

X: bla T: Les treize gammes majeures en clef de fa L: 1/4 K: C V:1 clef=bass ||"do"C,D,E,F,G,A,B,C||"sol"G,,A,,B,,C,D,E,\^F,G,||"fa"F,,G,,A,,_B,,C,D,E,F,|| ||"ré"D,,E,,\^F,,G,,A,,B,,\^C,D,||"si♭"_B,,C,D,_E,F,G,A,_B,|| ||"la"A,,B,,\^C,D,E,\^F,\^G,A,||"mi♭"_E,F,G,_A,_B,CD_E|| ||"mi"E,\^F,\^G,A,B,\^C\^DE||"la♭"_A,,_B,,C,_D,_E,F,G,_A,|| ||"si"B,,\^C,\^D,E,\^F,\^G,\^A,B,||"ré♭"_D,_E,F,_G,_A,_B,C_D|| ||"fa♯"\^F,,\^G,,\^A,,B,,\^C,\^D,\^E,\^F,||"sol♭"_G,,_A,,_B,,_C,_D,_E,F,_G,||

On en compte 13 :

• do majeur,
• fa♯ et sol♭ (on garde deux gammes même si elles sont enharmoniques (sonnent pareil, voir plus haut), car aucune des deux n’est plus avantageuse que l’autre : 6♯ et 6♭),
• toutes les autres (il y en a 10, de 1 à 5 altérations).

3.2. Ordre des dièses et bémols

On se rend compte que les dièses apparaissent dans cet ordre :
fa, do, sol, ré, la, mi, et les bémols dans celui-ci :
si, mi, la, ré, sol, do.

Il est donc tout à fait normal que :

• fa♯ soit fortement préféré à sol♭, et si♭ fortement préféré à la♯,
• et do♯ soit préféré à ré♭, et mi♭ préféré à ré♯.

En effet, si on étudie l’instrument en priorité sur des gammes simples (avec peu d’altérations), un doigté ou une touche sera davantage marquée par les noms rencontrés dans ces gammes.

3.3. Armure

Dans le cas des morceaux ne modulant pas ou modulant peu, on peut simplifier l’écriture en utilisant une armure.

Voici les mêmes gammes avec leur armure, dans l’ordre croissant du nombre d’altérations.

X: bla T: Gammes majeures avec leur armure L: 1/4 K: C ||"do"CDEFGABc||[K:G] "sol"GABcdefg||\ [K:D] "ré"DEFGABcd ||\ [K:A] "la"ABcdefga || ||[K:E] "mi"EFGABcde ||\ [K:B] "si"B,CDEFGAB||\ [K:F#]"fa♯"FGABcdef||[K:C]|| ||[K:F] "fa"FGABcdef||\ [K:Bb] "si♭"B,CDEFGAB||\ [K:Eb] "mi♭"EFGABcde|| ||[K:Ab] "la♭"ABcdefga||\ [K:Db] "ré♭"DEFGABcd||\ [K:Gb] "sol♭"GABcdefg||

Et en clef de fa :

X: bla T: Gammes majeures avec leur armure en clef de fa L: 1/4 K: C V:1 clef=bass ||"do"C,D,E,F,G,A,B,C||[K:G] "sol"G,,A,,B,,C,D,E,F,G,||\ [K:D] "ré"D,,E,,F,,G,,A,,B,,C,D,||\ [K:A] "la"A,,B,,C,D,E,F,G,A,|| ||[K:E] "mi"E,F,G,A,B,CDE||\ [K:B] "si"B,,C,D,E,F,G,A,B,||\ [K:F#]"fa♯"F,,G,,A,,B,,C,D,E,F,||[K:C]|| ||[K:F] "fa"F,,G,,A,,B,,C,D,E,F,||\ [K:Bb]"si♭"B,,C,D,E,F,G,A,B,||\ [K:Eb]"mi♭"E,F,G,A,B,CDE|| ||[K:Ab]"la♭"A,,B,,C,D,E,F,G,A,||\ [K:Db]"ré♭"D,E,F,G,A,B,CD||\ [K:Gb]"sol♭"G,,A,,B,,C,D,E,F,G,||

Après tout ça, qui aurait encore envie, dans un morceau en si majeur, d’écrire ça :

X: bla T: Gamme de si majeur avec un si♭ L: 1/4 K: B ||B,CDEFG_B=B||

L’harmonisation de la gamme de majeure de si aurait aussi une drôle de tête :

X: bla T: Harmonisation de la gamme de si majeur avec un si♭ L: 1/4 K: B ||"B"[B,DF]"C♯m"[CEG]"D♯m"[DF_B]"E"[EGB]"F♯"[F_Bc]"G♯m"[GBd]"Bbo"[_Bce]||

Au lieu d’avoir de belles grappes bien régulières :

X: bla T: Harmonisation de la gamme de si majeur L: 1/4 K: B ||"B"[B,DF]"C♯m"[CEG]"D♯m"[DFA]"E"[EGB]"F♯"[FAc]"G♯m"[GBd]"Ao"[Ace]||

Et en plus des gammes et des accords, il y a les arpèges et toutes les mélodies plus ou moins régulières (dents de scies…). Avec des gammes ayant des notes qui changent de nom à chaque degré, les motifs seront non seulement beaucoup plus lisibles car leur écriture aura davantage de sens.

Et même si on travaille sans partition on peut y trouver un intérêt : le modèle mental est beaucoup plus simple.

Pour mémoriser tout ça, pensez aux cartes flash !

4. TODO

4.1. Reste à couvrir sur le sujet

• les ♮
• les armures des modes, les armures des gammes pentatoniques
• les armures des gammes mineures (des ♯ dans des gammes à ♭, des doubles dièses)
• descentes chromatiques

4.2. Autres chantiers

• la lecture (notes, rythme, clef de fa), les applis pour la bosser
• l’oreille (et les applis pour la bosser