Tempête cérébrale : qu’est-ce que le mot suite vous évoque ?
Pour la culture, voir l’OEIS.
Il y a plusieurs façons de nommer une suite, et l’on peut passer de l’une à l’autre assez librement.
Soit $u$ une suite et $u_n$ son terme d’indice (ou de rang) $n$.
Il y a, de plus, au moins deux façons de définir une suite à partir d’une fonction réelle $f$ :
Schémas :
Une suite $u$ est majorée lorsque tous ses termes sont inférieurs à une même constante généralement notée $M$ appelée majorant.
Ainsi pour tout indice $n$, $u_n \le M$.
Une suite $u$ est minorée lorsque tous ses termes sont supérieurs à une même constante généralement notée $m$ appelée minorant.
Ainsi pour tout indice $n$, $u_n \ge m$.
On peut facilement adapter les remarques et les exemples des suites majorées aux suites minorées.
Une suite est bornée si elle est à la fois minorée et majorée. Ainsi pour tout indice $n$, $m \le u_n \le M$.
On dit que la suite $u$ résulte de l’échantillonnage d’une fonction s’il existe une fonction $f$ de $\mathbb R$ dans $\mathbb R$ telle que pour tout indice $n$, $u_n = f(n)$.
On dit aussi que $f$ est la fonction dont la suite $u$ est extraite.
Si une fonction est croissante, décroissante, minorée, majorée ou bornée, toute suite résultant de son échantillonnage aura aussi cette propriété.
Attention, les réciproques sont fausses (trouver des contre-exemples).
Démontrer ces cinq dernières propriétés.
Montrer de deux façons que $(-3n^2 + 5n + 2)_{n \in \mathbb N^*}$ est décroissante, une qui utilise la définition (version différence de termes consécutifs), une qui utilise l’étude d’une fonction.
Une suite $u$ a pour limite $+\infty$ lorsque tout intervalle de la forme $\left[ M ; +\infty \right[$ contient tous les termes de la suite à partir d’un certain indice.
Autrement dit, pour tout nombre réel $M$ (destiné à être un grand nombre positif), il existe un rang $N$ (aussi destiné à être grand), à partir duquel les termes de la suite sont supérieurs à $M$.
Et avec plus de symboles mathématiques :
Pour tout $M \in \mathbb R$, il existe un indice $N$ tel que
$n \ge N \Rightarrow u_n \ge M$.
On notera $\lim\limits_{n \to +\infty} u_n = +\infty$, ou $\lim u = +\infty$.
Cette notation se lit : « la limite de $u_n$ quand $n$ tend vers l’infini vaut plus l’infini », ou simplement « la limite de $u$ est l’infini » voire même « $u_n$ tend vers l’infini quand $n$ tend vers l’infini ». « $u$ tend vers l’infini ».
L'activité d'introduction nous a fourni trois suites qui tendent vers $+\infty$ : $(n)_{n \in \mathbb N}$, $(n^2)_{n \in \mathbb N}$ et $(\sqrt{n})_{n \in \mathbb N}$.
Les exemples précédents nous aident à trouver des suites tendant vers $-\infty$.
Attention, il existe des suites croissantes majorées (donc ne tendant pas vers $+\infty$), des suites non majorées mais qui ne tendent pas vers $+\infty$ et des suites non croissantes (à partir de n’importe quel rang), mais qui tendent quand même vers $+\infty$. Donner des exemples de telles suites.
Une suite $u$ tend (ou converge) vers un nombre réel $l$ lorsque tout intervalle ouvert de la forme $\left] l - \epsilon; l + \epsilon \right[$ contient tous les termes de la suite à partir d’un certain indice.
$\epsilon$ est ici un nombre réel strictement positif, destiné à être petit.
Autrement dit, pour tout nombre réel $\epsilon$ strictement positif (destiné à être un petit nombre positif), il existe un rang $N$ (destiné à être grand), à partir duquel les termes $u_n$ de la suite sont tels que : $$u_n \in \left] l - \epsilon; l + \epsilon \right[$$ c’est-à-dire : $$l - \epsilon < u_n < l + \epsilon$$
On notera $\lim\limits_{n \to +\infty} u_n = l$, ou $\lim u = l$.
Cette notation se lit : « la limite de $u_n$ quand $n$ tend vers l’infini vaut $l$ », ou simplement « la limite de $u$ est $l$ » voire même « $u_n$ tend vers $l$ quand $n$ tend vers l’infini » ou plus simplement « $u$ tend vers $l$ ».
L'activité d'introduction nous a fourni quelques exemples.
Exercice : Soit $(u)$ la suite définie pour $n$ entier naturel non nul par $u_n = \frac{1}{n}$. Montrer que cette suite tend vers 0.
Une suite convergente est bornée.
Démonstration en exercice.
Exercice : Suivant la raison $r$ d’une suite arithmétique, donner, si elle existe, sa limite.
Une suite peut ne pas avoir de limite. En voici quelques-unes qui montrent combien les situations peuvent être différentes :
pour $n \in \mathbb N, u_n =$ | commentaire |
---|---|
$(-1)^n$ | bornée |
$\cos (n \pi)$ | idem |
$\cos (n)$ | bornée aussi, mais prend beaucoup de valeurs différentes |
$n × \frac{\left( 1+(-1)^n \right)}{2}$ | minorée mais non bornée |
$n×(-1)^n$ | ni minorée, ni majorée |
Dans ce cas, il ne faut pas utiliser la notation $\lim\limits_{n \to +\infty} u_n$, même quand on ne sait pas si la suite a une limite ou non. Cette notation est réservée aux suites qui ont une limite.
On admet que :
Lorsque qu’une suite converge, sa limite est unique.
Voir livre page 35.
Trouver des exemples de suites correspondants aux cas de formes indéterminées, en remplissant un tableau de la forme :
Énoncé | Exemple 1 | Ex2 | … |
---|---|---|---|
$u_n$ | ? | ? | |
$\lim u$ | $+\infty$ | $+\infty$ | |
$v_n$ | ? | ? | |
$\lim v$ | $-\infty$ | $-\infty$ | |
$u_n + v_n$ | ? | ? | |
$\lim (u+v)$ | 0 | $+\infty$ |
Il est possible d’obtenir pour limite de $u+v$ : $0$, $+\infty$, $-\infty$, $7$, voire même pas de limite du tout.
Puis même chose pour le produit et le quotient.
Voir livre page 34.
Il existe une multitude de techniques pour lever une indéterminée. Voici quelques exemples.
Considérons la suite définie par $u_n = n^2 -10n + 1$.
Les fonctions polynôme sont définies sur $\mathbb R$ par :
$$ \begin{aligned} f(x) &= \sum_{i = 0}^p a_i x^i \\\\ &= a_p x^p + a_{p-1} x^{p-1} + ... + a_2 x^2 + a_1 x + a_0 \\\\ &(a_p \ne 0) \end{aligned} $$
Ici $f$ est de degré $p$.
Si $u$ est définie pour tout indice $n$ par $u_n = f(n)$ où $f$ est une fonction polynôme, alors la limite de $u$ est celle du monôme de plus haut degré de $f$.
On pose $u_n = 2 n^2 - 5 n + 1$. La suite $u$ a la même limite que celle de la suite $v$, où $v_n = 2 n^2$ (on a gardé le terme de plus haut degré). Comme $v$ tend clairement vers $+\infty$, $u$ aussi.
Soit $u$ la suite extraite d’une fonction polynôme. En prenant $a_p \ne 0$, on a :
$$ \begin{aligned} u_n &= a_p n^p + a_{p-1} n^{p-1} + a_{p-2} n^{p-2} + ... + a_2 n^2 + a_1 n + a_0 \\\\ &= a_p n^p \left( 1 + \frac{a_{p-1} n^{p-1}}{a_p n^p} + \frac{a_{p-2} n^{p-2}}{a_p n^p} + ... + \frac{a_2 n^2}{a_p n^p} + \frac{a_1 n}{a_p n^p} + \frac{a_0}{a_p n^p} \right) \\\\ &= a_p n^p \left( 1 + \frac{a_{p-1}}{a_p} \frac{1}{n} + \frac{a_{p-2}}{a_p} \frac{1}{n^2} + ... + \frac{a_2}{a_p} \frac{1}{n^{p-2}} + \frac{a_1}{a_p} \frac{1}{n^{p-1}} + \frac{a_0}{a_p} \frac{1}{n^p} \right) \\\\ \end{aligned} $$
Comme les termes de la forme $\frac{1}{n^?}$ tendent vers 0, la parenthèse tend globalement vers 1. En utilisant les propriétés de la limite d’un produit, on obtient que la suite $u$ a bien la même limite que $a_p n^p$.
Il peut être intéressant de mener les calculs de la démonstration sur un exemple, disons $u_n = 2 n^2 - 5 n + 1$.
À retenir :
Souvent, pour lever une indéterminée qui fait intervenir l’infini, on factorise par le terme qui semble « écraser » les autres.
Les fonctions rationnelles sont de la forme $R(x) = \frac{P(x)}{Q(x)}$, où $P$ et $Q$ sont des fonctions polynôme, $Q$ n’étant pas le polynôme nul.
Un nombre rationnel peut être défini comme quotient d’entiers relatifs. Une fonction rationnelle peut être définie comme quotient de fonctions polynômes.
Si $u$ est définie pour tout indice $n$ par $u_n = f(n)$ où $f$ est une fonction rationnelle, alors la limite de $u$ est celle du quotient des monômes de plus haut degré des numérateurs et dénominateurs de $f$.
$$ \begin{aligned} u_n &= \frac{3n^3 - 2n + 1}{5n^4 - 8n^2 - 1} \\\\ &= \frac{3n^3 \left( 1 - \frac{2}{3n^2} + \frac{1}{3n^3} \right)} {5n^4 \left( 1 - \frac{8}{5n^2} - \frac{1}{5n^4} \right)} \\\\ &= \frac{3}{5} \frac{1}{n} \frac{\left( 1 - \frac{2}{3n^2} + \frac{1}{3n^3} \right)} {\left( 1 - \frac{8}{5n^2} - \frac{1}{5n^4} \right)} \\\\ \end{aligned} $$
Soit $f$ une fonction rationnelle et $u$ sa suite extraite. On a :
$$ \begin{aligned} u_n &= \frac{a_p n^p + a_{p-1} n^{p-1} + a_{p-2} n^{p-2} + ... + a_2 n^2 + a_1 n + a_0} {b_q n^q + b_{q-1} n^{q-1} + b_{q-2} n^{q-2} + ... + b_2 n^2 + b_1 n + b_0} \\\\ &= \frac{a_p n^p \left(1 + \frac{a_{p-1} n^{p-1}}{a_p n^p} + ... + \frac{a_0}{a_p n^p} \right)} {b_q n^q \left(1 + \frac{b_{q-1} n^{q-1}}{b_q n^q} + ... + \frac{b_0}{b_q n^q} \right)} \\\\ &= \frac{a_p n^p \left(1 + \frac{a_{p-1}}{a_p} \frac{1}{n} + ... + \frac{a_0}{a_p} \frac{1}{n^p} \right)} {b_q n^q \left(1 + \frac{b_{q-1}}{b_q} \frac{1}{n} + ... + \frac{b_0}{b_q} \frac{1}{n^q} \right)} \\\\ &= \frac{a_p}{b_q} \frac{n^p}{n^q} \frac{1 + \epsilon_1(n)}{1 + \epsilon_2(n)} \end{aligned} $$
où $\epsilon_1$ et $\epsilon_2$ sont des fonctions qui tendent vers 0 quand $n$ tend vers $+\infty$.
Comme $\frac{1 + \epsilon_1(n)}{1 + \epsilon_2(n)}$ tend vers 1, on a bien les trois cas suivants :
En calculant, pour $a$ et $b$ positifs, $\left( \sqrt{a} + \sqrt{b} \right) \left( \sqrt{a} - \sqrt{b} \right)$, on obtient un moyen de lever une forme indéterminée de type $(+\infty) - (+\infty)$ lorsque l’on doit étudier une différence de racines carrées.
Il suffit de changer l’écriture problématique en multipliant par $\frac{\sqrt{a} + \sqrt{b}}{\sqrt{a} + \sqrt{b}}$.
Exemple : On pose pour $n$ entier naturel non nul : $u_n = \sqrt{n} - \sqrt{n-1}$. Quelle est la limite de la suite $u$ ?
Lors de l’étude des fonctions exponentielles et des fonctions logarithmes, nous obtiendrons des moyens de lever d’autres formes indéterminées.
On admet que :
Attention, ce théorème nous dit qu’une suite décroissante et positive converge, mais ne nous donne pas sa limite. Tend-elle forcément vers 0 ?